Au commencement, Aion créa Atreia : un monde fermé que régissait la Tour de l'Eternité. La Tour était une flèche monumentale touchant les cieux et s'enfonçant dans les entrailles de la terre. Elle prodiguait sa lumière en toute circonstance, unifiait l'univers et rappelait à tous la présence du dieu universel Aion.
Puis les Humains apparurent. Ils trouvèrent refuge auprès de la Tour et firent d'Atreia leur demeure. Jamais ils ne se disputèrent. Jamais ils ne se séparèrent. Et jamais ils n'outrepassèrent leurs droits. Les Humains vénéraient Aion et la Tour de l'Eternité.
Jusqu'au jour où le dieu décida d'introduire un nouveau facteur Ô combien dangereux : les Drakens. Ceux-ci furent créés à l'origine pour être les défenseurs d'Atréia, protecteur des humains, mais leur soif de pouvoirs et leur indépendance grandissaient. Prédisposé à régner, ils se détournèrent de leur dieu et massacrèrent les autres espèces grâce à leurs écailles impénétrables, leurs ailes et leur férocité sans égal. Ils détruisirent le moindre obstacle sur leur chemin. Les Humains périrent en grand nombre, incapables de se défendre contre un tel ennemi. Le salut ne vint que dans la fuite. Cependant les Drakens progressaient et gagnaient en force. Les Kralls et les Maus furent rapidement réduits en esclavage. Au bout du compte, une hiérarchie commença à se dessiner. Des leaders finirent par émerger.
Parmi eux, cinq individus s'imposèrent comme les meilleurs et ils prirent le pouvoir sous le nom de Seigneurs Dragons. A partir de ce moment, les Drakens devinrent les Balaurs. Ce fut un nouveau départ. Les massacres reprirent de plus belle, les rares survivants tombèrent à leur tour. Tous sans exception pliaient sous les assauts des conquérants et, malgré cela, ces derniers ne furent pas rassasiés. Ils exigèrent d'Aion lui-même des pouvoirs divins. Ne les avait-il pas créés pour dominer ? Aion refusa. Aussi se lancèrent-ils massivement contre la Tour, symbole de son autorité.
Les douze Seigneurs Empyréens furent donc façonnés en réponse aux Dragons. Leur mission était de contrer la menace Balaur et de protéger la Tour. Pour cela, Aion fabriqua l'Ether afin qu'ils puissent lutter sur un pied d'égalité. Cette substance devint la clé de leurs pouvoirs. Un bouclier s'érigea autour de la Tour afin d'empêcher les monstres d'y pénétrer. Les Douze Seigneurs reçurent l'aide des Humains et plus particulièrement de ceux qui montraient des aptitudes à maîtriser l'Éther, les Daevas. Voilà qui devait marquer un nouvel espoir.
Et, en effet, des progrès furent enregistrés presque immédiatement. Les redoutables Balaurs n'étaient plus invincibles. Ils demeuraient mortellement dangereux mais plusieurs succès d'envergure encouragèrent les Humains à progresser. Malheureusement, loin de repousser les Balaurs, l'armée Daeva n'obtint que le statu quo d'une bataille interminable : la Guerre du Millenium. Elle fut à l'origine des premières dissensions.
Lorsqu'Israphel évoqua l'idée d'une paix avec les Balaurs, les Seigneurs furent stupéfaits. Puis ils prirent la demande au sérieux, d'autant qu'elle était appuyée par Ariel. La volonté des deux Gardiens de la Tour fit basculer la position des douze. Rien ne résulterait d'un conflit éternel. Israphel et Ariel avaient foi dans cette décision. Néanmoins, pour la première fois depuis la création des Humains, les dissensions éclatèrent. Les partisans de la guerre s'éclipsèrent, menés par le Seigneur Asphel.
Le bouclier fut abaissé en vertu de ce choix et les cinq Seigneurs Dragons invités au coeur du dernier refuge Humains. Non seulement répondirent-ils à l'invitation mais ils ne tentèrent rien contre la main tendue. Du moins jusqu'à ce qu'Asphel ne vînt assassiner l'un d'eux. Un ignoble carnage s'ensuivit aussitôt. Les Balaurs déferlèrent.
Siel tenta vainement de protéger le cœur de la Tour. Les Seigneurs échouèrent et, privé de l'essence d'Aion, l'édifice s'écroula. Ce fut un véritable cataclysme. La nuit tomba sur Atreia. Le monde se déchira en deux sous les cris terrifiés des témoins. Tout aurait été perdu sans le sacrifice d'Israphel et de Siel qui maintinrent un fragile équilibre au prix de l'Ether de leur corps.
Humains et Daevas réalisèrent avec effroi, au réveil, qu'Atreia avait été coupée en deux. Une partie inférieure irradiée par la lumière et une partie supérieure baignée par les ténèbres. Dès lors, le peuple jadis uni cessa de former un tout pour embrasser des voies opposées. La moitié inférieure donna une terre riche et belle ainsi que des créatures à son image. Atreia devint Elysea, ses habitants les Elyséens. Ils bâtirent une capitale nommée Sanctum. La moitié supérieure donna une terre sombre et hostile ainsi que des créatures à son image. Atreia devint Asmodae, ses habitants les Asmodiens. Ils bâtirent une capitale nommée Pandaemonium.
D'un côté anges aux ailes blanches et à la peau éclatante, de l'autre guerriers féroces aux griffes acérées et aux ailes ébènes, ils créèrent la société qui correspondait à leurs besoins, rejetant sur l'autre la responsabilité du désastre. Durant sept cent cinquante ans, ils jouirent d'une nouvelle prospérité en parfaite ignorance de l'existence du frère ennemi.
Un jour, les débris de la Tour s'illuminèrent puis s'élevèrent dans les airs sans explication. Elyséens et Asmodiens, intrigués par le phénomène, envoyèrent des éclaireurs qui revinrent avec des rapports inquiétants. Sur la surface de l'ancienne Atreia apparaissaient d'étranges portails instables. Ils donnaient sur un monde où les restes de la Tour flottaient au milieu d'un torrent d'Ether et que les deux peuples désignèrent comme les Abysses.
Une expédition élyséenne armée réussit à gagner la moitié supérieure d'Atreia, à la faveur d'un portail plus grand. La légion de l'Orage eut la surprise de contempler son propre monde suspendu dans les cieux. La surprise fut encore plus intense à la vue des Asmodiens. Des Daevas sans nul doute, mais corrompus et menés pourtant par des Empyréens. En face, la réaction de surprise fut vite remplacée par l'écœurement que provoquèrent les accusations de trahison proférée de la bouche du leader élyséen. Presque un millénaire de certitude ne put aboutir qu'à un résultat : les Asmodiens massacrèrent leurs frères suite aux provocations de ces derniers, dont seuls deux survivants colportèrent en Elysea la sinistre nouvelle de cette rencontre.
Mais ce n'est pas tout. Le présent recèle des dangers bien pires. Du fin fond de leur prison où les Seigneurs Empyréens les ont bannis lors de la Chute de la Tour, les Balaurs ont profité de la surrection des portails et s'apprêtent à fondre sur leurs anciens ennemis. Et comme si cela ne suffisait pas, la planète elle-même montre des signes de faiblesse. La plaie béante des Abysses aspire l'Ether dans ses profondeurs. A terme, Atreia est vouée à disparaître. L'unique solution serait que l'une des factions détruise la moitié opposée de la Tour et condamne donc son voisin...